Claire Naudin : la vigneronne qui bouscule la Bourgogne (avec grâce)

Dans le monde très codifié de la Bourgogne, Claire Naudin fait figure d’électron libre. À la tête du Domaine Naudin-Ferrand à Magny-lès-Villers, elle cultive 22 hectares en Hautes-Côtes de Nuits et sur quelques climats prestigieux de Nuits-Saint-Georges, Aloxe-Corton et Ladoix. Mais au-delà des terroirs, ce sont ses convictions, sa liberté de ton et sa vision du vin qui font d’elle une voix rare et précieuse dans le paysage viticole français.

Une enfant du vin qui refuse l’héritage tout tracé

Fille de vigneron, Claire aurait pu suivre la voie classique : œnologie à Bordeaux, retour au domaine, reproduction des schémas familiaux. Elle fait tout l’inverse. Elle part à Montpellier étudier l’agronomie, voyage en Afrique du Sud, en Australie, en Californie, avant de revenir en Bourgogne avec un regard neuf… et beaucoup de questions.

Très tôt, elle remet en cause les pratiques chimiques, les engrais de synthèse, les traitements systématiques. Mais elle refuse aussi les raccourcis faciles de certains discours « nature ». Claire Naudin ne revendique ni la biodynamie, ni le label bio. Elle cherche autre chose : un vin sincère, pensé avec exigence, fait avec peu d’intrants, mais jamais au détriment de la précision.

« Ce qui m’intéresse, c’est la sincérité, pas le discours. Je veux faire un vin vivant, qui raconte quelque chose, pas qui coche une case. »

Ni sulfites ajoutés, ni compromis

Dans sa gamme, on trouve des cuvées sans soufre, comme la fameuse "Orchis Mascula", mais aussi des vins plus classiques. Le fil rouge ? Une élégance absolue, une vibration intacte, une capacité à révéler la vérité des lieux sans artifice.

Et parfois, des coups d’éclat. En 2015, Claire poste une lettre ouverte en réponse à un article du Monde qui caricature les vins naturels. Elle y défend une position nuancée, mais ferme : « On peut faire du vin sans soufre, mais pas sans conscience. » Le texte fait le tour du milieu, salué pour son intelligence et sa clarté.

Une vigneronne rock et lettrée

On dit souvent que ses vins sont comme elle : cultivés, précis, et légèrement indociles. Ce n’est pas un hasard : Claire Naudin lit beaucoup, écrit bien, et aime les références littéraires. Certaines cuvées s’appellent "Myosotis", "Orchis", ou encore "l'Églantine" – clin d’œil à la nature, à la délicatesse… mais avec des arômes qui vous laissent rarement indemnes.

Elle s’inspire autant de la biodiversité de ses vignes que de la poésie des saisons, et de la géologie que de la philosophie. Ses étiquettes sont sobres, ses bouteilles discrètes, mais ce qu’elles contiennent est bouleversant de finesse.

Pourquoi on l’aime chez Maison Dantard

Parce qu’elle incarne une autre manière d’être vigneronne : libre, humble, intransigeante. Parce qu’elle refuse les effets de mode, mais reste à la pointe du goût. Parce qu’elle prouve que la Bourgogne peut être innovante sans perdre son âme.

Et parce que boire un vin de Claire Naudin, c’est goûter une pensée en mouvement.

Pour ceux qui cherchent plus qu’un vin : une trace, une voix, une vérité.

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